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8 février 2023 3 08 /02 /février /2023 21:41

EXTRAITS

Page 10 : Séraphin et Hélène Cantarel

« Il faut dire qu’il avait pour lui, outre une grande érudition, une politesse exquise doublée d’une grande prévenance. Mais il avait surtout un léger accent du Sud-Ouest qui le rendait sympathique. Son patronyme n’était-il pas, à lui seul, une invitation au soleil, aux cigales, à la garrigue, bref au Midi ?

Parfois, sa femme Hélène l’accompagnait dans ses flâneries dominicales. Tous deux partageaient la passion des livres mais, à l’évidence, leurs lectures et leurs centres d’intérêt divergeaient sensiblement. Madame avait pour elle un visage lumineux et des lèvres joliment ourlées où se posait toujours un sourire. Elle arborait souvent un jean, un pull marin et des escarpins, alors que son très conventionnel mari ne savait se départir de son impeccable costume trois pièces en Tergal gris. Hiver comme été, il affichait la même élégance, col de chemise empesé, nœud papillon au vent, chaussures lustrées, pendant que sa femme jouait dans ses moindres gestes et ses vêtements d’une décontraction toute naturelle. »

 

Page 23 : Théo Trélissac

« Entre Théodore (que tout le monde finalement se plaisait à appeler Théo) et Séraphin, une complicité quasi filiale était née. Hélène, quant à elle, chérissait par-dessus tout ce collaborateur tout en fraîcheur et en spontanéité. Pas insensible à son charme et à son humour, elle aimait son côté “ provincial et pied dans la terre glaise ”. Aussi Théo avait-il son rond de serviette chez les Cantarel et jouissait de quelques égards et privilèges que la vie lui avait jusqu’alors refusés. »

 

Pages 27-28 : Albi

« Cette forteresse de brique, massive et altière à la fois, affichait fièrement ses sept siècles d’existence. Résidence attitrée de l’évêque d’Albi, les prélats qui s’y étaient succédé n’avaient eu de cesse de l’agrandir à l’image de leur autorité séculaire. Il avait fallu attendre le XVIe siècle pour que la Renaissance gomme quelque peu son caractère austère. C’est à cette époque que furent percées des fenêtres à meneaux et que des poivrières ornèrent les hauteurs du palais épiscopal. Un jardin suspendu fut aménagé au-dessus des eaux du Tarn que l’on agrémenta de quelques statues de divinités romaines. Albi voulait alors ressembler à l’Italie, l’incandescence de la brique au couchant, les peupliers florentins au bord de la rivière, tout plaidait en ce sens. »

 

Page 68 : Toulouse-Lautrec

« En l’absence de Jean Dorléac, Cantarel s’était arrogé son bureau. Il avait pris soin d’ouvrir la large fenêtre en verre dépoli qui donnait sur le Tarn et s’était accordé, chose rarissime dans l’exercice de ses fonctions, un Davidoff qu’il savourait sans retenue. Séraphin n’était pas sûr que ce plaisir d’épicurien fût du goût de Mlle Combarieu, mais il s’en moquait.

Avec obsession, Cantarel examinait les différentes reproductions des toiles dérobées. Toutes deux faisaient partie des “ fondamentaux ” du musée, car la réunion des six cents pièces - dont deux cent quinze peintures - qui constituaient le “ Trésor Lautrec ” avait été une succession de rendez-vous manqués avec l’histoire de l’art.

Quand, le 9 septembre 1901, Henri de Toulouse-Lautrec meurt dans les bras de sa mère Adèle en son château de Malromé, tout près de Verdelais, en Gironde, il n’a que trente-sept ans. Le peintre de Montmartre est surtout reconnu comme un affichiste talentueux et un illustrateur inspiré. La renommée de sa peinture viendra plus tard, grâce à Maurice Joyant qui fut l’ami fidèle de Lautrec à toutes les heures de sa vie, les plus sombres comme les plus délurées. »

 

Pages 235-236 :

« Il finit par sauter à pieds joints dans son jean, enfila un tee-shirt froissé, un pull ras du cou et chaussa ses baskets avant de déposer un tendre baiser sur les lèvres de Cécile, furibarde.

– T’inquiète pas, mon cœur ! Je serai là à ton réveil.

– Le hall de l’hôtel était éclairé par un abat-jour en tissu froncé sous lequel somnolait le veilleur de nuit. Face à lui, sur une banquette en velours côtelé, attendait Fernand Coustot.

– Je savais que je pouvais compter sur vous, Théo !

– Que se passe-t-il ?

– Rien de grave, je vous rassure, j’ai tout simplement envie de m’encanailler avec vous !

– Quoi ?

– Je vous emmène en boîte boire un verre, voulez-vous ?

– Où ça ? À cette heure ? s’offusqua Théo.

– À Toulouse !

– À Toulouse ? Vous plaisantez, j’espère !

– Pas le moins du monde. J’ai besoin d’un partenaire jeune, beau, intelligent et pas farouche…

– Qu’est-ce que c’est que cette idée saugrenue, commissaire ?

– Allez, suivez-moi et cessez de me poser des questions inutiles ! Vous verrez sur place. Vous risquez de ne pas être déçu !

Trélissac faisait sa tête des mauvais jours.

– J’espère que je ne vous ai pas tiré d’un beau rêve ! fit Coustot, goguenard.

– Si, précisément. Et le rêve est en train de virer au cauchemar !

– Pardonnez-moi, Théo, mais la mission que je vais vous confier, personne au bureau n’est en mesure de l’assumer et surtout pas mon adjoint Couderc. Il n’a rien de très sexy, vous en conviendrez...

Perplexe, la mine renfrognée, Théo ne décrocha pas la mâchoire pendant tout le trajet reliant le chef-lieu du Tarn à la capitale régionale. Arrivé à Toulouse, Coustot gara son véhicule de service sur l’un des “ emplacements réservés à la police ”, rue du Rempart-Saint-Étienne. D’un pas pressé, les deux hommes empruntèrent la rue de Metz avant de bifurquer en direction de la place Saint-Georges.

Comme chaque fin de semaine, les rues de la Ville rose débordaient de jeunes étudiants dépenaillés, dont certains étaient passablement éméchés, chantant à tue-tête et pissant impunément dans les caniveaux.

Il n’était pas loin de une heure du matin et, au bout d’une ruelle sombre, un néon rose s’allumait par intermittence. On pouvait lire :

LA COCHINCHINE - NIGHT-CLUB »

 

Toulouse-Lautrec en rit encore, de Jean-Pierre ALAUX, Éditions Toute Latitude POLICIER, 2023

Format : 13x18,5 cm - 272 pages couleurs - 14,90 Euros TTC - ISBN : 978-2-35282-069-7

Découvrir Jean-Pierre ALAUX et la série des " Séraphin Cantarel "

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